Nacera Belaza La Nuée
lieu
durée
50 min
catégorie
- Danse |
- Artiste associée
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De ses débuts dans la danse en autodidacte, où se joue pour elle la quête de la liberté et d’une identité entre ses deux cultures algérienne et française, Nacera Belaza a toujours gardé une forme d’anticonformisme. Refusant dès sa première pièce Le Cri (2008) de s’inscrire dans une esthétique précise, au nom de l’imaginaire du danseur et du spectateur qu’elle place au-dessus de tout, elle fait du noir et de la répétition deux des grands cœurs battants de son univers qu’elle approfondit de création en création. Sa recherche du « vide inattendu qui comble toutes nos attentes » se déploie en France et à l’international dans les structures et festivals les plus prestigieux. Après avoir accueilli plusieurs de ses pièces, Chaillot présente La Nuée. Pour y matérialiser un nouvel espace-temps étranger au monde matériel, l’artiste part d’une expérience vécue en tant que spectatrice, au Pow Wow de Mendota, près de Minneapolis.
Dans cette célébration pratiquée par les communautés autochtones, Nacera Belaza reconnaît deux éléments fondamentaux de son langage, le cercle et le rythme. Elle observe leur confrontation qu’elle-même n’a jamais osé mettre en scène, tant « les imaginaires et les états qu’ils génèrent » lui semblaient différents. C’est donc à cette rencontre que sont portés corps dix danseurs, plus un inconnu, un élément perturbateur qui sera différent dans chaque ville. Sans rien perdre de son ascèse ni de son souffle, le groupe devra embrasser le nouveau venu, en faire l’un des siens.
Anaïs Heluin
Septembre 2022, en résidence aux Etats-Unis, j’assiste au Pow Wow de Mendota, non loin de Minneapolis. Plusieurs heures durant, des hommes et des femmes, issus de différentes communautés autochtones du Dakota, jeunes, vieux, enfants, se joignent au cercle ou en sortent librement, chacun apportant sa danse, son histoire. Autant de vies, de lignages et de corps singuliers, de rythmes creusant la terre et l’histoire, en quête de ce qui pourrait constituer un sens commun, un noyau, un chœur, un lien essentiel.
Et soudain, sous mes yeux, se répondaient naturellement deux éléments fondamentaux de mon travail que je n’avais jamais osé confronter, le cercle et le rythme, tant les imaginaires et les états qu’ils génèrent me semblaient différents. D’un côté, la force du cercle dans l’espace, traçant sa propre orbite autour d’un centre immuable et donnant l’impression d’organiser le désordre de vies disparates, de l’autre, le rythme creusant le temps en soulevant les corps pour leur accorder une fulgurante liberté…
Dans le tourbillon de Nacera Belaza, lire l'article de Belinda Mathieu dans sceneweb
La chorégraphe poursuit sa lancée faite de structures linéaires et circulaires, de mouvements répétitifs et de transformation des états de conscience, ajoutant une interrogation sur les liens entre les individus d'un ensemble...l'espace semble se mettre à vaciller et les interprètes se délestent de leur poids, reflet d'une vérité venant des profondeurs insondables dont Nacera Belaza se rapproche de pièce en pièce. Thomas Hahn, Transfuge
En 2022, Nacera Belaza, est invitée par la Villa Albertine en résidence nomade aux États-unis. Ce voyage lui donnera l'inspiration du spectacle La Nuée. L'entretien qui suit, réalisé par Raphaël Bourgois, revient sur ce séjour : lisez-le car il est passionnant et donne les clés du travail si unique de la chorégraphe.
Créée en 1989, la Compagnie Nacera Belaza présente ses pièces à l’international avec une présence régulière en Europe, en Afrique, en Asie et en Amérique du Nord. En France, elle est invitée par des structures et festivals prestigieux tels que le Festival Montpellier Danse (2003, 2006, 2012, 2014, 2016, 2022), les Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis (2008, 2010), le Festival d’Avignon (2009, 2012) ou encore la Biennale de la danse de Lyon (2010, 2014) et le Festival de Marseille (2017, 2018, 2020).
Nacera Belaza chorégraphie un cheminement intérieur, l’espace, le vide en soi, les zones d’ombre et de lumière, le vertige, la répétition. Elle fait de la danse une plongée verticale introspective. Ses pièces explorent le mouvement en un souffle serein, profond et continu, confrontant la patience, la rigueur, le dépouillement au « vacarme assourdissant de nos existences », rendant au geste son utilité existentielle.